vendredi 20 janvier 2012

Financement du terrorisme par Ellissa Group : Dans la tanière des hors-la-loi...Le Bénin réagit à sa façon.

Financement du terrorisme par Ellissa Group : Dans la tanière des hors-la-loi...Le Bénin réagit à sa façon.

Le Bénin serait-il devenu un narco-Etat? Depuis quelques temps, le pays est tristement cité comme une plaque tournante de la drogue dans la sous-région et, tout récemment, de blanchiment de l’argent des stupéfiants avec Ellissa Group accusé de financer le terrorisme international incarné par le Hezbollah libanais. Ali Mohamed Kharroubi est un nom pas très connu du grand public. Pour ceux qui ne le connaissaient pas, c’est le nom du patron d’Ellissa Group, importateur de véhicules d’occasion, qui investit au Bénin dans les Btp et le commerce général. Ce «magnat» des affaires serait déclaré non grata et chassé du Bénin, d’où il est en cavale. Notamment suite à nos révélations d’il y a quelques jours.
Une bande défilante sur l‘Ortb, la chaine de télévision nationale, a annoncé la nouvelle avant-hier nuit ainsi que durant la matinée d’hier. Selon des sources policières, l’intéressé aurait pris la clé des champs. Le siège de sa société, sise non loin de la place Caboma, serait mis sous scellés et sous surveillance discrète des militaires armés jusqu’aux dents. La source de son malheur vient de loin. Des Etats Unis plus précisément. Là-bas, ainsi que nous l’annoncions, une liste d’organisations finançant le Hezbollah, la milice chiite libanaise dirigée par Hassan Nassrallah et estampillée depuis des années comme une organisation terroriste, est publié courant décembre 2011. Ali Mohamed Kharroubi, comme beaucoup d’autres, utiliseraient des fonds provenant du commerce de la drogue, des crimes de sang qu’il blanchisserait au travers d’activités commerciales avant de les renvoyer dans son pays sous forme de contributions au financement de l’achat d’armes au profit de cette milice soutenue aussi par l’Iran. Ne pouvant donc pas garder ce bailleur de fonds du terrorisme tant recherché et susciter la foudre des Etats Unis, le gouvernement du Bénin a pris la décision de l’expulser de son territoire. L’article écrit par La Nouvelle Tribune, en ce mercredi 18 janvier, et qui révélait l’implication de certains Libanais vivant au Bénin dans le trafic de drogue vers les Etats Unis a donné une chiquenaude au gouvernement qui a fini par lâcher Kharroubi dans la nature.
Ni vu, ni su?
Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, c’était l’ami de tout le monde par ici. Les différentes inaugurations de succursales de son groupe sont fortement soutenues par les membres du gouvernement. Et ce n’est pas tout. Le groupe Ellissa a même bénéficié de juteux marchés de construction de route auprès du gouvernement. C’est le cas, nous souffle-t-on, du marché du bitumage de la route Ouidah-Tori.
Installé au Bénin depuis des années, cet homme d’affaires libanais est un importateur chevronné des véhicules d’occasion. Il a, comme bon nombre de ses compatriotes, des accointances poussées avec le pouvoir qui l’aide beaucoup et lui donne les coups de pousse décisifs à ses affaires. Peut-on encore dire ignorer cet homme, à défaut de ses activités? Pourtant, le gouvernement, sans l’avoir dit, feint de l’ignorer. Le rapport de la Drug Enforcement Administration (Dea) remonte au début du mois de décembre dernier, et pourtant… Bien avant ce rapport, les services des renseignements pouvaient et devaient avoir rassemblés des informations de première importance sur ce monsieur, sur ses nombreux voyages et sur sa proximité avec le Hezbollah, organisation terroriste depuis des années. Tout au moins, son appartenance à la communauté chiite libanaise, ses fréquentations devraient au moins réveiller la curiosité des services de renseignements béninois. Malheureusement, le gouvernement s’est comporté comme s’il ne connaissait pas ce monsieur et qu’il ignore tout de ses activités.
Au Bénin, c’est la loi de l’Omerta. Celle du silence de carpe et de la philosophie du singe qui n’entend rien, ne voit rien et ne dit rien. En 2004, le gouvernement Kérékou n’aura rien su de l’existence d’Hamani Tidjani Assani, jusqu’à ce que le géant Nigeria le dénonce et oblige le Bénin à le mettre hors d’état de nuire. En 2010, le gouvernement Yayi n’aurait jamais entendu parler d’ICC Services ni de ses activités interdites, jusqu’à ce que la crise des structures de placement d’argent n’éclabousse tout le monde. Les gouvernements béninois ne voient jamais rien, sauf quand ce qu’il y a à voir leur crève les yeux.

Marcel Zoumènou 
Journal LA NOUVELLE TRIBUNE  20/01/12

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